Rwanda : disparitions et tragédies oubliées.

Le témoignage de Béatrice

« Pendant le génocide contre les Tutsis au Rwanda en 1994, j’étais en Belgique. Lors de ce terrible événement, mes enfants ont disparu. Je ne sais pas ce qui leur est arrivé. Sont-ils morts ? Sont-ils vivants ? Je ne sais pas. Je n’ai jamais cessé de les chercher, même plus de vingt ans après. Au début, certains m’ont prise pour une folle. Pourtant, petit à petit, j’ai compris que je n’étais pas la seule à ne pas pouvoir me résigner. Nous avons tous besoin de savoir ce que nos proches sont devenus. C’est une question vitale. A travers l’ASBL CCMES « Cri du Cœur d’une Mère qui Espère », mon histoire personnelle est devenue collective ».

Deuil impossible et construction identitaire compromise

L’ASBL CCMES Belgique a été créée en 2015 et a pour objectif de soutenir l’action de l’ONG CCMES Rwanda, créée en 2013. Toutes deux travaillent sur la problématique du deuil impossible. En effet, comme pour Béatrice, comment continuer à vivre sans savoir si son enfant est mort ou vivant ? Où il se trouve ? C’est un enjeu de santé mentale pour les survivant-e-s du génocide. Certains jeunes disparus lors de ces événements ont été disséminés de par le monde. Aujourd’hui encore, certains cherchent à retrouver la trace de leurs proches et leurs origines. C’est une question majeure nécessaire à la reconstruction de son identité.
Savoir d’où l’on vient, connaître le destin des êtres chers est un droit inaliénable. C’est pourquoi CCMES assiste de toutes les manières possibles les parents et les enfants en recherche des leurs. En recoupant toutes les informations dont elle peut disposer, CCMES tente de mettre en contact les familles dispersées.
Des recherches ont déjà abouti ! Des familles ont été réunies !
Par ailleurs, en travaillant sur la guérison des blessures intérieures, CCMES ouvre la voie de la survie à la vie.

Le poids du silence

Une chape de silence pèse sur ce traumatisme collectif. Il est souvent très difficile pour les victimes d’en parler. Des personnes sont considérées comme mentalement dérangées et c’est en effet une question de santé publique. Des histoires restent non élucidées. Ignorer et taire cette problématique est lourd de conséquences pour les personnes concernées dans la société actuelle et pour les générations futures. Tant les pouvoirs publics que l’opinion internationale peinent à prendre en compte ces enjeux complexes.

Agir et sensibiliser

L’indifférence et le silence qui empêchent des personnes et des collectivités d’envisager sereinement leur avenir ne sont pas acceptables !. Nous pouvons agir ici en Belgique, par un travail de sensibilisation de la communauté rwandaise et de la société dans son ensemble. Un mouvement d’opinion porté ici peut avoir une influence sur l’action des pouvoirs publics au Rwanda et sur les politiques des institutions internationales.

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